Mosaïques actuelles ou disparues à Nantes : ACTUALITÉ

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- 04/04/2024 - Mosaïque romaine de Tunisie, Musée des Beaux-Arts de Nantes

- 19/07/2024 - La mosaïque revient à la mode, 1 rue des Vieilles Douves

- 11/04/2023 - Disparition de la "Mercerie du Bouffay", 2 quai de la Tremperie

- 26/01/2023 - La façade mosaïque du "NOVELTY CAFE", 4 quai de l'île Gloriette

- 19/06/2022 - Un curieux décor sur la façade d'une Poissonnerie, 23 rue Voltaire"

- 21/02/2022 - La devanture en mosaïque ODORICO du "Café Flesselles"

- 29/10/2021 - La façade du Confiseur Charles BOHU, 26 rue de la Marne

- 13/10/2020 - Une façade d'ancienne boutique à sauver, 39 quai de Versailles

- 06/12/2019 - Des mosaïques Art-déco dans le jardin extraordinaire

 

 
Mosaïque romaine de Tunisie - Musée d'Arts de Nantes


C.Bigaud - 12/09/2024
Avant la fermeture pour travaux du Musée des Beaux-Arts de Nantes en 2011, une grande mosaïque antique romaine était présentée dans le patio.
Provenant de fouilles réalisées à Oudna en Tunisie, elle était le don en 1908 du Député Sibille et avait été installée au centre de ce qui était alors le hall de sculpture. Elle était restée à la même place durant un siècle jusqu'aux travaux de transformations du Musée.
Lors des travaux, la mosaïque a été "déposée" et on s'est interrogé sur son devenir. Mais il est des œuvres d’art qui par manque de place dans les espaces d’exposition, par manque de budget ou par manque de motivation, restent "oubliées" dans les réserves des Musées. Ce doit être le cas pour la grande mosaïque antique romaine d’Oudna qui pourtant mériterait bien d'être remise en état et de nouveau présentée au public...

OUDNA, l'ancienne UTHINA...

En 1896 Paul Gauckler, vient de succéder à René du Coudray de La Blachère comme inspecteur en chef du bureau tunisien d’arts et d’antiquités. Jusque-là les fouilles et les études concernaient presque exclusivement les restes des monuments publics et très peu les habitations privées. Paul Gaucler se tourne alors plus particulièrement vers ce sujet et écrit dans "Mémoires des Hommes" un grand article dont sont extraits les passages qui suivent :

" ... Les restes des demeures particulières sont généralement plus effacés que ceux des monuments publics, une maison privée étant d'habitude moins vaste, moins élevée, construite en matériaux moins résistants qu'un temple, un théâtre ou une basilique. Cependant leur plan demeure, en beaucoup d'endroits, très reconnaissable sur le terrain, même lorsque les murs sont rasés à la surface du sol actuel. Il serait facile d'en faire un relevé précis, mais c'est là un travail qu'on ne s'est guère préoccupé jusqu'ici d'entreprendre. On n'a, le plus souvent, fouillé les maisons romaines que pour en retirer des mosaïques, à la manière des amateurs de bibelots antiques qui bouleversent une nécropole pour enrichir leurs collections.
Je me suis proposé de combler cette lacune dans les études d'archéologie africaine en dégageant méthodiquement quelques maisons romaines."

« Les restes de l'ancienne colonie romaine d'Uthina, aujourd'hui Oudna, m'ont paru se prêter d'une manière particulièrement favorable à de telles recherches. Ces ruines sont situées à 25 kilomètres environ au sud de Tunis, presque à égale distance de l'Oued Mélian qui coule à 3 kilomètres au nord et de l'aqueduc d'Hadrien qui conduit à Carthage les eaux de Zaghouan."

" La ville romaine s'étageait en amphithéâtre sur les premières pentes du Djebel Mekrima. Ce devait être une cité florissante : ses ruines occupent 500 à 600 hectares où l'on rencontre à chaque pas des citernes, des puits, des alignements de murs et çà et là, les restes de monuments mieux conservés, théâtre, amphithéâtre, thermes, réservoirs publics, qui frappent à première vue par leur masse imposante et le soin apporté à leur construction."

" Le titre de colonie romaine qu' Uthina reçut de César (100 av.J.C. - 44 av.J.C.) ou d'Auguste (44 av.J.C. - 14 apr.J.C.), prouve l'importance qu'avait cette cité, dès le premier siècle de notre ère. Elle paraît avoir atteint l'apogée de sa prospérité au temps des Antonins (entre 96 et 192 apr.J.C.) et des Sévères (entre 193 et 235 apr.J.C.). Les mercenaires du Sénateur Capellien la saccagèrent sans doute en 238. A partir de ce moment, elle ne fait plus que décliner. Après la conquête de Carthage en 439, les Vandales la détruisent de fond en comble et le coup qui la frappe est si rude qu'elle ne réussit pas à s'en relever. Elle semble avoir été presque entièrement abandonnée dès le milieu du Ve siècle. Ses restes ont donc été préservés des remaniements vandales et byzantins qui ont défiguré la plupart des ruines africaines. Mieux que partout ailleurs, on a la chance d'y retrouver des monuments de bonne époque construits au meilleur temps de la domination romaine et dont le plan primitif n'ait pas été trop altéré. En outre, plus on s'éloigne du centre de la ville et du sommet de la colline, ... et plus les constructions doivent être anciennes et pures de style."




Gmaps 2024

" Ce n'est donc pas sur l'acropole d'Uthina que j'ai dirigé mes recherches, mais dans l'un de ses faubourgs les plus excentré. Il s'étendait au nord et en contrebas de l'amphithéâtre.
C'était le quartier aristocratique d'Uthina aucune ruine sortant de terre ne le signalait à l'attention au moment où j'ai commencé mes fouilles, mais de nombreux alignements de murs à fleur de sol prouvaient que la colline était couverte autrefois de villas étagées. Mon premier sondage amena la découverte d'une chambre ornée d'une belle mosaïque, l'enlèvement d'Europe. J'ai déblayé d'abord la maison à laquelle appartenait cette chambre, puis ses dépendances et les Thermes privés qui semblent s'y rattacher. J'ai cherché ensuite dans les environs d'autres habitations auxquelles je pusse la comparer…"


P.Gauckler – Le domaine des Laberii à Uthina
Monuments et mémoires, Académie des inscriptions et belles lettres, 1896.


La première villa découverte par Paul Gauckler est celle des Laberii. Il la déblaye totalement ainsi que quatre autres maisons voisines. D’autres sondages lui permettent ensuite de reconnaître encore onze maisons ou groupes de maisons, construites depuis la fin du premier jusqu'au quatrième siècle de notre ère. Soixantes-sept mosaïques sont découvertes, sans compter des pavements à motifs géométriques. Parmi les quatre premières constructions fouillées il y a la Maison de Fructus.

Vue aérienne d’Oudna (extrait au Nord-est des ruines) – Gmaps 2024

La maison de Fructus n’est plus indiquée aujourd’hui sur les plans. D’après sa localisation donnée par Paul Gauckler (50m au nord et un peu en contrebas de la Maison des Laberii…), il semble qu’il n’en reste plus qu’un chaos de pierre. A vérifier sur place...

Les tesselles de marbre ne rétrécissent pas au lavage...
(tesselles : petits cubes de pierre ou de pâte de verre dont est composée la mosaïque.

Extrait du plan de la Villa des Laberii, Monuments et Mémoires P.Gaucler 1896 – Gallica

On s'interroge sur la différence dans les dimensions données pour le pavement mosaïque n°400, en comparant celles de l’inventaire fait par P.Gauckler en 1910 (5,10m x 6,00m) et celles du pavement du Musée de Nantes (4,75m x 5,45m). Les tableaux mosaïques sont toujours parfaitement rectangulaires, mais ce n’est souvent pas le cas des pièces dans lesquelles ils sont posés. Une marge est laissée entre le tableau et les murs qui sont irréguliers ou de biais. Elle est comblée le plus souvent avec des dalles de marbre ou un motif répété de mosaïque. Cela constitue en même temps un encadrement pour le tableau et corrige les défauts de parallélisme entre les murs, comme le montre l’exemple ci-dessus extrait du plan de la maison des Laberrii au coin nord-est de la villa.
On peut penser que 5,10m x 6,00m sont les dimensions intérieures du salon (oecus) et la marge entre les mesures de la pièce et celles du tableau 0,55m sur la longueur et 0,35m sur la largeur correspond aux distances partagées de part et d’autre entre le tableau et le mur. Ce pourtour comblé initialement par des dalles de marbre ou un décor de mosaïque n’a pas été déplacé avec le tableau.


 
La Maison de Fructus


Myro et Victor servant Fructus - Musée du Bardo (Tunisie)

A une cinquantaine de mètres au nord et un peu en contrebas de la maison des Laberii, on trouve les restes, rasés à la surface du sol moderne, de la luxueuse habitation romaine d'un certain FRUCTUS, dont un des pavements figurés du logis nous fait connaître le nom et nous offre le portrait. Toutes les chambres étaient pavées de mosaïque, sommairement explorées d'abord en 1891 par MM. le colonel Abria et le commandant Driant, du 4" zouaves, elles ont été ensuite méthodiquement déblayées pour la plupart en 1894 et 1895 par Paul Gauckler.

Lors des premières fouilles de 1891 sept mosaïques sont trouvées dans le péristyle et quatre chambres contiguës, dont le seuil de chambre reproduit ci-dessus indique le nom du propriétaire. En 1910 Paul Gauckler indique qu’une d’elles a été déplacée au Musée du Bardo, une autre est restée en place, les cinq autres sont en partie ou totalement détruites ou devenues la propriété du colonel Abria.

Lors des fouille suivantes en 1895-1896 menées par Paul Gauckler cinq mosaïques sont trouvées dans deux salons (oecus), deux chambres et un prolongement du péristyle. Deux sont déplacées au Musée du Bardo, trois sont restées en place, une est pour partie déplacée au Musée, l’autre partie restée sur place.

Une mosaïques découverte par Paul Gauckler, dans un des deux salons, est celle qui nous intéresse plus particulièrement. Elle porte dans son inventaire le numéro 400. Il en fait la description suivante :

" Oecus, situé à l'angle sud-ouest du péristyle s'ouvrant sur le côté sud du portique par une porte latérale 5,10m X 6,00 m. Grande composition décorative, intacte : médaillons circulaires en quinconces, contenant chacun dans une couronne en torsade, un poisson ou un oiseau de types très variés et séparés les uns des autres par des carrés alternant avec des rectangles, ornés les uns de fleurons cruciformes, les autres de losanges. Large bordure : torsade et frange rubanée, encadrées de filets unis."


Note : l’inventaire réalisé en 1910 indique que la mosaïque n°400 est au Musée du Bardo et ce nest qu’en 1915, sur l’inventaire supplémentaire, que l’on trouve « La mosaïque est aujourd’hui en France au Musée de Nantes ».
Le pavement d’Oudna a en fait été expédié par le Musée tunisien au Musée de Nantes en juin 1908. L’incohérence des dates est probablement due aux délais de rédaction et d’impression de l’inventaire de 1910.

Le pavement mosaïque installé de 1910 à 2011 au centre du Patio


Plan d’assemblage joint aux plaques du pavement de mosaïque expédié par Alfred MERLIN – ADN


Musée des Beaux-Arts de Nantes, salle des sculptures après l'installation de la mosaïque -- CPA
 


En mai 1907, une commission parlementaire chargée d'une enquête sur la viticulture se déplace à Oran, Alger, Constantine et Tunis. Maurice Sibille Député de Loire-inférieure en fait partie. Très intéressé par des acquisitions d'oeuvres d'art pour le Musée des Beaux-Arts de Nantes, c'est probablement à l'occasion de ce voyage qu'il obtient au Musée du Bardo, proche de Tunis, le don du grand pavement de mosaïque antique extrait des fouilles réalisées à Oudna dix ans plus tôt.

La Dépêche Coloniale 25/05/1907 - Retronews

En Juin 1908, Alfred MERLIN qui a pris la succession de Paul GAUCKLER à la direction des « Antiquités et Arts de la Tunisie » expédie la mosaïque au Musée de Nantes en joignant un plan montrant comment le pavement a été sectionné en dix plaques pour le faire transporter.
Des réunions de la Commission de surveillance du Musée des Beaux-Arts sont organisées pour savoir où il serait placé. Finalement il est décidé de l’installer au centre de la salle des sculptures (aujourd’hui le Patio). En mars 1910, le pavement n’est toujours pas restauré. Il est présenté en l’état à l’emplacement qui lui est réservé.

Le Phare de la Loire 20/03/1910 - ADLA (lire Oudna, et non Oudon!)

C'est Mr Arthur-Lucien de VILLE d'AVRAY qui est désigné pour réaliser la restauration et la mise en place de la mosaïque. Le 17/03/1910, il signe un "Traité" avec le Maire de Nantes. Initialement prévus pour un mois, les travaux durent plus de deux mois, avec quelques difficultés non anticipées au moment du devis. Le 13/07/1910, Mr René-Jacques CATROUX conservateur du Musée des Beaux-Arts certifie la fin des travaux.

 
 



 

 

Six des seize sujets qui décorent le pavement -- Atelier de restauration de mosaïques et d’enduits peints du Musée gallo-romain de Saint-Romain-en-Gal (Rhône) - © 2011


EXTRACTION et POSE SANS ALTERATION de MOSAÏQUES ANTIQUES

Giandomenico FACCHINA est surtout connu en France pour avoir été le mosaïste de l'Opéra de Paris construit par Charles GARNIER entre 1861 et 1875. Né en 1826 à Sequals en italie, il reçoit sa formation à Trieste et à Venise. En 1847, il se trouve dans le sud de la France où il réalise ses premières restaurations en utilisant une technique innovante, inspirée des mosaïstes vénitiens. En 1858 alors qu'il est depuis plus de dix ans à Béziers, il demande un " Brevet d’invention pour l’extraction et la pose, sans altération, des mosaïques antiques ". Voici en quoi il consiste :

" La mosaïque découverte et dégagée de toutes les terres et corps étrangers qui l’enveloppent, il faut la nettoyer avec soin et la laisser sécher.

Puis on prend du papier fort que l’on colle sur la mosaïque par pièces de la grandeur d’un mètre carré, plus ou moins en suivant la ligne droite ou courbe selon le dessin que présente la mosaïque. Sur ce papier on colle de la bonne toile (la colle doit être faite avec de la farine de blé et de seigle pétrie au feu).

Quand le collage est terminé il faut laisser sécher, on a soin de numéroter les plaques de toile de manière à faciliter l’assemblage après l’enlèvement.

L'enlèvement des cubes qui sont adhérents au papier s’opère à l’aide d’un ciseau que l’on enfonce entre les cubes et le béton. Le concours de deux ou trois personnes est nécessaire selon les dimensions de la mosaïque pour la soutenir et l’enlever à mesure que le ciseau la détache du béton.

La pièce enlevée, on la retourne et on l’étend sur une planche de manière à avoir les cubes dessus et le papier dessous. On racle bien le vieux mastic et on secoue la pièce pour faire tomber les débris. On fait subir la même opération à chacun des fragments dont se compose la mosaïque, puis on les rassemble tous suivant les numéros d’ordre et on les dispose sur un nouveau lit de béton préparé dans les dimensions de la mosaïque à conserver.

Quand tout est posé, on enfonce les cubes à moitié dans le mastic à l’aide d’une truelle faite ad hoc et on achève d’enfoncer au moyen d’un rouleau de pierre. Cela fait, on arrose la toile et le papier avec de l’eau chaude pour ramolir la pâte. La toile et le papier se détachent et la mosaïque reste fixée dans le béton dans son intégrité et sa valeur primitive.

Tel est mon procédé dans toute la simplicité. Je ne sache pas qu’il en ait jamais été ni publié ni employé de pareil, excepté la mosaïque trouvée au temple de diane à Nîmes ; qui a été enlevée par mon procédé tel que je l'ai communiqué et je demande qu'il plaise à votre excellence de m'en accorder un brevet d'invention pour cinq ans."

Brevet d'invention sans garantie du Gouvernement - INPI


DÉPOSE DU PAVEMENT ANTIQUE ROMAIN DU MUSÉE DES BEAUX-ARTS - Septembre 2011

En 1910, la mosaïque antique d’Oudna avait été ré-assemblée et mise en place dans la salle des sculptures du Musée des Beaux-Arts.
En Septembre 2011 dans le cadre des travaux de rénovation du Musée, sa « dépose » a été réalisée par l’Atelier de restauration de mosaïques du Musée gallo-romain de Saint-Romain-en-Gal qui en a photographié les différentes étapes.
On retrouve pour la dépose la méthode d'extraction décrite ci-dessus en 1858 par Giandomenico FACCHINA dans son brevet.

1 - Nettoyage et restitution des lignes de séparation

4 - La mosaïque est décollée de son assise

7 - ...

  2 - Collage en 1ère couche d'une toile très fine

5 - Les plaques sont numérotées et séparées une à une


8 - ... et retournées sur un support en bois
  3 - Collage en 2ème couche d'une toile forte

6 - Puis elles sont levées...


9 - Fin de la "dépose".
Dépose du pavement de mosaïque antique -- Atelier de restauration de mosaïques et d’enduits peints du Musée gallo-romain de Saint-Romain-en-Gal (Rhône) -- © 2011

Le pavement de mosaïque antique romaine d’Oudna est toujours stocké dans les réserves du Musée d’Arts de Nantes depuis septembre 2011.
Cette belle œuvre d’art mériterait pourtant d’être remise en état et présentée de nouveau au public nantais.

Christian BIGAUD - 12/09/2024


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La mosaïque revient à la mode, 1 rue des Vieilles Douves

C.Bigaud - 19/07/2024
A deux pas de la Place Royale, au n°1 rue des Vieilles Douves, une chaîne de restauration rapide a pris la succession de l’ancien restaurant « Le Petit Flore ». Le nouvel exploitant a eu la bonne idée de paver son sol d’une mosaïque créée spécialement pour lui. Le motif très original a un effet hypnotique étonnant. Il est dommage que l’on ne connaisse pas l’atelier qui a créé le motif et réalisé ce travail.

Un pavement en mosaïque créé pour la chaîne de restauration - CB 2024
 
Le "Café JOYEUX" successeur du "PETIT FLORE" - CB 2024

CB 2024
Les boutiques anciennes étaient le plus souvent protégées par des volets en bois.
Le commerce de la rue des Vieilles-Douves possède une devanture intégrant des volets pliants cachés durant la journée à l’intérieur de coffres situés de part et d’autre de la façade. Chaque soir le précédent propriétaire, au moment de la fermeture de son établissement, dépliait les volets pour protéger la vitrine et la porte d’entrée. Les volets existent toujours et ont été repeints mais ils ne sont plus tirés chaque jour. Anciennement la majeure partie des commerces était ainsi protégée. A Nantes, il n’en reste plus que quelques exemples dont la plupart ne sont plus fonctionnels. Il est pourtant étonnant de voir de nombreuses boutiques faire recouvrir aujourd'hui périodiquement leur vitrine de panneaux de bois coûteux et longs à monter autant qu’à démonter, tandis que le système de volets pliants inventé par nos ancêtres était installé une fois pour toutes et pouvait s’ouvrir ou se fermer à tout moment en quelques instants. Il constituait une fois fermé une très bonne protection pour la boutique.


"Le Petit Flore" volets fermés - CB 2020
 

Devanture protégée par des panneaux provisoires - CB 2018
Au 17 rue des Carmélites, le bar « Le Méliès », devenu il y a quelques années « Le Singe en hiver » est un des derniers commerces utilisant journellement ses volets de protection en bois qui fonctionnent toujours parfaitement. On peut remarquer également la menuiserie originale de sa belle vitrine avec des verres biseautés.


"Le Méliès" 17 rue des Carmélites, volets repliés - CB 2017
 

"Le Méliès" 17 rue des Carmélites, volets fermés - CB 2017

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Disparition de la "Mercerie du Bouffay", 2 quai de la Tremperie
Cette étude s'écarte un peu du thème principal de ce site, mais l'évolution du commerce est à rapprocher de la transformation des devantures des boutiques.

C.Bigaud - 15/04/2023

Janvier 1936, le pont de la Poissonnerie et le quai du Bouffay (quai de la Tremperie le 30/11/1936, aujourd'hui allée...) – Photo Archives de Nantes
La Loire est à son plus haut niveau depuis les inondations de 1910. La partie Est du bras de la Bourse ne sera comblée qu’en 1938 après le détournement de l’Erdre par un tunnel vers le Canal St Félix (voir " l'à-propos" qui suit).
De gauche à droite : à l'angle de la rue de la Paix et du quai, le magasin de graines "A LA SEMEUSE" tenu par Francis GUERRIER, suivi d’une boutique non identifiée (ce pourrait être celle de la chamoiserie de René BOUTIN ou de la corsetière Yvonne BOUILLÉ épouse LECUIR ?) ; puis la charcuterie d’Angélique POUPIN veuve GAUDINEAU, suivie d’un débit de boisson tenu par Emile JUBAULT dont l’enseigne cache en partie la fenêtre de l’entresol ; puis la fromagerie de Louis OLIVIÉRO avec sa devanture claire, suivie de la "Bonneterie du Bouffay" tenue par Marcel GROSSAIN qui occupe la largeur de deux arcades et dont l’enseigne est peu visible ; enfin après l’entrée de l’immeuble, le grand magasin « Landais & Fils » proposant mercerie, bonneterie, parfumerie, clouterie, chaussures, foulards, cravates, objets de pièté... qui s’étend jusqu’au coin de la place du Bouffay et sur la place elle-même.

La première présence d’une "Mercerie-Bonneterie-Lingerie" quai de la Tremperie est attestée dans l’Annuaire du Commerce pour 1866. L'échoppe est tenue alors par Louis-Joseph LEVREAU. A partir de cette date les exploitants vont se succéder sans interruption jusqu’à nos jours : Adolphe MARCHAIS vers 1881, Victor GOURAUD vers1902, Auguste GILARD vers1912, Auguste-Armand-Marie BLOUIN vers 1923. Dans la plupart des cas ce sont les noms des époux qui figurent dans l’annuaire, mais ils ont le plus souvent une activité extérieure et ce sont les épouses qui tiennent la boutique.


Le Phare de la Loire 29/03/1929 – ADLA
 
En mars 1929, Auguste BLOUIN cède son fonds de Mercerie-Bonneterie à Marcel GROSSAIN et son épouse, tout en continuant d’exploiter une fabrique de tricotage située dans le même immeuble qui a également une entrée par la rue du Bouffay. La famille GROSSAIN va tenir le commerce de Mercerie durant plus de 90ans, jusqu’à sa fermeture définitive en juin 2021.

CB 2022

Dernier commerce proposant sur l’allée de la Tremperie autre chose que du boire, du manger ou des services bancaires, cette mercerie qui était installée quai du Bouffay depuis plus d’un siècle et demi a disparu pour laisser la place à un « salon de restauration » qui propose des pâtisseries en rondelles, celui-ci allongeant la longue liste des commerces de bouche qui ont envahi le plein-centre de Nantes depuis quelques années et ayant pour bon nombre une présence assez éphémère !

A propos des comblements de la Loire à Nantes (1926 – 1946)
Ci-dessus : 13 avril 1934, on voit l’état d’avancement du comblement du bras nord de la Loire. Dans le bas de l’image, à l’ouest de l’île Feydeau, le fleuve a disparu jusqu’au pont sur l’Erdre (1) dans le bras de la Bourse et presque jusqu’au pont de Belle-Croix (2) dans le bras de l’Hôpital. L’Erdre (3) n’est pas encore comblée et s’écoule vers l’est en passant sous le pont de l’Erdre et sous celui la Poissonnerie (4) (dont il est question plus haut). Le pont de la Bourse (5) a disparu de même que le pont Maudit (6) qui est dans le même axe sur le bras de l’Hôpital. La voie ferrée qui est encore celle de la Compagnie des chemins de fer Paris-Orléans passe toujours par la gare de la Bourse (7) sur les quais longeant le centre-ville. Une fête foraine est installée là où confluaient les deux bras de la Loire. Il ne reste plus que les fondations de l’ancien marché couvert de la Petite-Hollande (8) (démoli en 1932), mais à l’autre extrémité de l’île on aperçoit l’arrondi de la halle aux poissons qui n’a pas encore été rasée (9). On remarque à peine en haut à droite sur la Loire un des derniers bateaux-lavoirs amarré au quai du Port-Maillard (10). – Photo aérienne IGNF


Plan de Nantes par Jouanne 1917-1916 (extrait) – Gallica

Photo aérienne 10/08/1944 – IGNF

Christian Bigaud - 15/04/2023
 
Ci-contre : 10/08/1944 – Les bras de Loire de la Bourse (1) et de l’Hôpital (2) sont totalement comblés, ainsi que le canal de l’Erdre (3) jusqu’au pont Morand (4). Le tunnel Saint-Félix réalisé entre le bassin Ceineray au nord (5) et le canal St Félix au sud (6), en passant sous les cours Saint-André et Saint-Pierre (7), détourne le cours de l’Erdre pour lui permettre de se déverser dans la Loire. Il donne également aux bateaux la possibilité de passer. Une écluse (8) à l’extrémité sud du canal Saint-Félix remplace celle qui existait sur son ancien cours au milieu de la ville et permet de compenser la différence de niveau entre le fleuve et l’affluent. La voie ferrée a elle aussi été détournée. De la gare d’Orléans (9) elle ne passe plus au nord de l’île Feydeau sur les quais qui longent le centre-ville, mais au sud de l’île (10), provisoirement au niveau du sol dans l’attente que soit terminé un tunnel qui lui permettra de passer sous la Petite-Hollande (11) et sous la ville en décembre 1955.


Ci-dessous : 22/06/1961 – Les comblements sont terminés. Le tunnel destiné à la voie ferrée conduisant vers l‘ouest est en service. Il est creusé dans l’ancien lit du bras de l’Hôpital, on voit la voie s'enfoncer au nord du quartier de la Madeleine (1) pour disparaître sous terre à hauteur du premier tiers de l’île Feydeau (2). Il débouche après un parcours de 3 Km au bas du quartier Chantenay.
On remarque les nombreux arbres plantés le long des nouvelles voies de circulation, et notamment au nord de l’île Feydeau (3). Dernièrement 80 % de ces arbres qui du haut de leurs 70 ans constituaient un bel ombrage ont été abattus dans le cadre d’un aménagement « paysager » !


Photo aérienne 22/06/1961 – IGNF

Plus de détails chronologiques sur les comblements des bras de Loire à Nantes (Wikipédia)


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La façade mosaïque du "NOVELTY CAFE", 4 quai de l'Île Gloriette
C.Bigaud - 26/01/2023

Vers 1904 on voit le pont Maudit (avant son effondrement en 1913) en direction du sud à l’angle de la rue Haudaudine (devenue aujourd'hui rue Gaston Veil) et du quai de l’Île Gloriette. De gauche à droite : n°2 rue Haudaudine, la boutique Louis LION &Cie (toiles, sacs et bâches), sur l’angle le « Café HERBERT », sur le quai Gloriette après un porche au n°3 la boutique « Peinture & Vitrerie » de Charles LERICHE, puis au n°4 la petite épicerie de la Veuve SOULARD, après un nouveau porche le débit de boissons d’Alice CRÉTIN avec sa devanture en bois, et pour finir à droite au n°5 une partie des magasins Louis LION et Cie. Un tramway à air comprimé Mékarski traverse le pont - Archives de Nantes

En 1908 le débit de boisson du 4 quai de l’’île Gloriette est repris par Jean-Baptiste LEVEQUE. Le « Café LEVEQUE » est cédé en 1921 à Mme Armande-Marie-Octavie DAYMÉ née GUILLOTON qui ne l’exploite que deux années avant de le céder en avril 1923 à Mr et Mme BERTHO. Six ans plus tard en mai 1929, le « Café BERTHO » est vendu à Mr et Mme CITHAREL. L’enseigne change de nom pour devenir le « NOVELTY CAFE », comme le confirme une annonce dans Le Phare de la Loire.


Le Phare de la Loire 12/051929 - ADLA



Le Phare de la Loire 02/02/1932 - ADLA


La devanture initialement en bois a été remplacée par une façade en mosaïque signée par l’atelier J.B.GRAZIANA. L’entreprise est installée à Saint-Nazaire, mais a une succursale à Nantes que l’on trouve en 1931 au 7 rue des États.

En 1945 après 16 années d’exploitation Mr et Mme CITHAREL cèdent leur commerce à Georgette BONAMY qui a eu de nombreux successeurs.

Aujourd'hui, une devanture en placage qui cachait depuis plusieurs années l’ancienne façade a été retirée et nous pouvons voir de nouveau la mosaïque des années 1930. On peut souhaiter que la Ville concoure à la préservation et la restauration de ce Patrimoine.

A propos de "NOVELTY"


Dictionnaire anglais-français Garnier (Paris) 1905 - Gallica



Le Phare de la Loire 04/05/1931 - ADLA


Le Phare de la Loire 27/03/1930 - ADLA



Le Phare de la Loire 09/06/1931 - ADLA


 

Dans les années 1930...



Septembre 2022 - Gmaps



L’influence anglo-américaine sur la langue française ne date pas d’aujourd’hui. Le mot « NOVELTY » apparaît pour la première fois dans Le Phare de la Loire en avril 1909 : « Les 4 Durham's acrobatic novelty musical's » se produisent au MUSIC-HALL LECARPENTIER (Théâtre forain installé temporairement place Bretagne à Nantes). Puis en 1910 les célèbres "Pichel and Scale" dans leur " funny acrobatie novelty" sont à l’Apollo et les grands magasins JUMEL ET CHAMPIGNY proposent entre autres « occasions remarquables » du Satin NOVELTY à 1fr20 le mètre.
Entre 1911 et 1920, les "Novelty Acrobatic Cyclist" sont annoncés au Théâtre de la Renaissance ; un cheval nommé NOVELTY participe aux courses à Maisons-Laffitte ; Les Magasins Lafayette (ancienne maison Jumel et Champigny) proposent en nouveauté de printemps des Soieries NOVELTY ; le Comptoir Novelty de Ruffec (Charente) propose des assortiments de cartes postales, textes français ou anglais (les soldats anglais et américains sont en France…) ; les Magasins Lafayette proposent à présent des parapluies Novelty modèles dames ou hommes.
Dans les années 1930, le mot est de plus en plus largement utilisé dans la publicité comme le montrent les documents ci-contre.


Le Phare de la Loire 18/06/1939 - ADLA


C. Bigaud - 26/01/2023

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Un curieux décor sur la façade d'une Poissonnerie, 23 rue Voltaire
C.Bigaud - 30/06/2022
Alphonse-Pierre CHIRON s’engage dans la marine nationale pour cinq ans en 1907. A la sortie de son engagement il se marie à Guérande avec Catherine-Marie-Joséphine LORDONNÉ dont le père après avoir été maçon est devenu marchand de poissons.
Rappelé sous les drapeaux le 3 Août 1914, il va rester en sursis d’appel à la société des Chargeurs de l’Ouest à Saint-Nazaire jusqu’au 1er janvier 1919.

On le retrouve en 1921 demeurant rue des Olivettes avec son épouse et leur fille née en 1915. Il est ajusteur aux Chantiers de Bretagne et elle est gérante d’une épicerie des Docks de l’Ouest proche de leur domicile. En 1923 il reprend durant une année une épicerie rue Petite-Biesse, puis fin 1924 une poissonnerie rue Rosière.

Huit ans plus tard, en 1932, un marchand de charbon, propriétaire au n°23 rue Voltaire, cède son bien à Alphonse CHIRON et Catherine LORDONNÉ, son épouse. La désignation indique : « composé d’une portion divise de maison comprenant boutique, arrière-boutique, entre-sol, chambre derrière, cuisine cabinet et grenier au-dessus, cour commune, droit aux latrines, passage commun ». Leur poissonnerie déménage de quelques dizaines de mètres du 4 rue Rosière au 23 rue Voltaire.

Alphonse-Pierre CHIRON décède moins d’un an plus tard. Sa veuve poursuit l’exploitation du commerce avec l’aide de ses filles.
Veuve une seconde fois après s’être remariée en 1942, elle décédera bien plus tard en 1982 à l’âge de 88 ans, toujours domiciliée au 23 rue Voltaire.


© CB 2018


C. Bigaud - 30/06/2022
 


Ci-dessus : 21-25 rue Voltaire, vers 1900 - On remarque l’enseigne de l’imprimerie BUFFETRILLE qui est au n°23 et au même numéro, un peu plus à droite, une boutique sous un balcon en entre-sol qui est la petite boutique du charbonnier Louis SÉCHEZ. C’est probablement sa charrette à bras qui est posée devant la porte. Encore plus à droite une pâtisserie et une épicerie. Plus à droite au delà de l’image, on ne voit pas le bureau de tabac qui suit, toujours existant encore aujourd’hui au coin de la place Eugène Livet. À gauche de l’image l’entrée de la rue de Flandres.


© CB 2022

On ne peut préciser que peu de choses à propos de la devanture en mosaïque de la poissonnerie, sinon qu’elle est postérieure au 23 Avril 1932, date de l’achat des locaux par les époux CHIRON au marchand de charbon REDUREAU qui a pris quelques années au paravent la suite du charbonnier SÉCHEZ cité plus haut.
Réalisée en pâte de verre, et ornée de décors très originaux d’un style Art Déco, elle est l’œuvre d’un mosaïste de talent qui n’a pas signé son travail. Un grand mystère plane sur le sujet du motif de ces décors qui doit avoir un lien avec l’objet du commerce… Des propositions sont bienvenues : crustacés, poissons, …?



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"Café Flesselles" : la devanture en mosaïque ODORICO disparue
C.Bigaud - 22/04/2022

Quai Flesselles vers 1928 - Archives de Nantes

Le quai Flesselles en 65 mètres de longueur ne comporte que cinq numéros. En 1927, partant du carrefour avec la rue de la Paix (à droite sur l’image ci-dessus), on trouve au n°1 un café tenu par Jules ETOURNEAU, au n°2 un fabricant de filets de pêche Alphonse TAULOIS, puis un second café tenu par Georges RICHARD. Au n°3, après un grand porche qui dessert une cour intérieure, un autre café tenu par Charles DUGAST, et au même numéro l’immeuble abrite également un artiste peintre Donatien ROY. Puis au n°3bis on trouve un large magasin de graines et plants à l’enseigne de la « Maison THEBAULT », suivi d’une épicerie des « Docks de l’Ouest », et enfin au n°4 un marchand de graisses végétales Aristide REMOND et le magasin de « vêtements confectionnés » de Jean GARNAUD.

En octobre 1924, Charles-Henri-Constant DUGAST, jusqu’alors « garçon limonadier », reprend avec son épouse le commerce de café exploité au 3 quai Flesselles.
Initialement la devanture de la boutique est en bois. En septembre 1934, l'Atelier ODORICO réalise un projet de devanture en mosaïque. Des annotations sur le dessin (probablement de l'architecte nantais Marcel Naulleau) rectifient l'emplacement des lettres sur la frise et indiquent qu'elles sont à changer et à faire suivant un croquis joint, une modification de la couleur du fond est à voir, le dessin des corniches et chapiteaux est à mettre au point et le bas des jambages crayonné indique aussi une volonté de modification. Finalement, on voit sur la photographie au-dessus du dessin comment la plupart des changements ont été appliqués. Il est dommage que le bandeau de l'auvent nous empèche de voir le lettrage définitif de l'enseigne.
Au décès de Charles DUGAST en 1947, le café fut repris par sa veuve, peut-être jusque dans les années 60.

Après le comblement du bras de la Loire le "quai" est devenu "allée" et plus tard, dans les années 60, la façade en mosaïque réalisée par ODORICO a disparu comme beaucoup d'autres en ville. De tous les commerces anciens seul le « Café Flesselles » est toujours présent, et toutes les boutiques voisines ont été converties à la restauration rapide.

Commodités...
Comme nous l’avons vu, trois cafés se côtoyaient au début du quai Flesselles. Cela ne pouvait pas aller sans commodités hygiéniques. Le voisinage sans doute lassé des mictions anarchiques fit installer à quelques pas, en juste proportion du nombre de commerces de boissons, un curieux urinoir triplace situé entre les cafés dans un recoin du passage d’entrée vers la cour intérieure. Il est à remarquer que l’on aperçoit, à gauche de l’image, une partie du jambage en mosaïque de la façade du Café Flesselles. Aujourd’hui, le lieu d’aisance a disparu et une grille ferme le porche.

C. Bigaud - 22/04/2022


 

CAFE FLESSELLES après 1934 - CP Nante Fascinante


CAFE FLESSELLES, projet de devanture par l'Atelier ODORICO 1934 - Musée de Bretagne


Quai Flesselles, n°3 entrée vers la cour intérieure - Archives de Nantes


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La façade du Confiseur Charles BOHU, 26 rue de la Marne
C.Bigaud - 29/10/2021
En plein centre-ville, sur le parcours touristique entre la place Royale et le Château, cette façade patrimoniale en mosaïque est la plus vue de celles qui restent encore à Nantes. Elle mériterait bien que la ville y porte toute son attention pour qu'elle soit restaurée dans son état initial, avec la mosaïque qui descendait presque jusqu'au sol avant la transformation subie par le rez-de-chaussée. La devanture du magasin vient à nouveau d’être transformée sans que personne ne soit intervenu pour faire restaurer les jambages en mosaïque disparus.
Dans les articles de presse et autres pages sur internet, la date de 1930 et le nom d'Odorico sont toujours repris pour sa création, mais sans que ne soit jamais cité une quelconque source documentaire. Voici quelques éléments pour tenter d’en préciser la date et l’atelier qui l’a créée :


Façade de l’ancienne confiserie Ch.BOHU, 26 rue de la Marne, après transformation du rez-de-chaussée – 15/08/2021 CB


Paillasson en tesselles de marbre de l’ancienne confiserie Ch.BOHU, 26 rue de la Marne – 21/07/2018 CB


Reprise dans la façade de la confiserie – 04/03/2018 CB



  - La façade plus proche du style "Art nouveau" que du style "Art déco" et les matières employées (pâte de verre taillée pour la façade et tesselles de marbre pour le sol du magasin) peuvent faire penser à la décennie antérieure à 1930.

- En 1898 Charles BOHU reprend une confiserie au 10 Basse-Grande-Rue, puis en 1918 dans la même rue au n°26 il loue un magasin qu’il sous-loue durant quelques années à un marchand de bimbeloterie avant d’y transférer sa confiserie en 1922.
L'enseigne est au nom de "Ch. Bohu", mais Il a cédé son fonds de commerce à la société "Charles Bohu et Fils" en 1928. L'enseigne aurait été différente après cette date. Nous pouvons donc supposer que la façade a été édifiée entre 1922 et 1928.

- On ne voit aucune signature du mosaïste sur la façade, et le sol de la boutique est en bonne partie caché par des présentoirs. Peut-être une signature existait-elle dans la partie basse de la façade qui a disparu, ou est-elle encore aujourd’hui dissimulée au sol du magasin. La société ODORICO a eu un atelier à Nantes entre 1922 et 1937.

- On peut s'interroger aussi sur deux reprises circulaires de part et d'autre de l'enseigne "Ch. Bohu" qui pourraient peut-être marquer un ancien emplacement de décor qui a été retiré. Probablement existe t-il quelque part une photographie de la façade avec ces décors, mais il reste à la retrouver...



« FOLIES NANTAISES », Bonbons aux Fruits & Cafés LOUBIÈRE, 28 rue de la Marne - Photo Août 1930
A droite, on aperçoit la partie gauche du rez-de-chaussée de la confiserie BOHU avant sa transformation. Les mosaïques allaient presque jusqu’au sol. Un rideau roulant ferme le magasin au raz du trottoir.


Horlogerie-Bijouterie André FAGOT, 24 rue de la Marne, entre avril 1920 et septembre 1934. - ADN
A gauche, on aperçoit la partie droite du rez-de-chaussée de la confiserie BOHU avant sa transformation.


La Confiserie Charles BOHU, du 10 Basse-Grande-Rue au 26 rue de la Marne - 1890 >1925


1 - Le Phare de la Loire 1898 - ADLA


2 - Le Phare de la Loire 1903 – ADLA


4 - Le Phare de la Loire 1920 – ADLA



5 - Le Phare de la Loire, mars 1922 - ADLA


6 - L’Ouest-Éclair, décembre 1922 - BNF


7 - Annuaire de Nantes et de la Loire-inférieure 1923 – ADLA



Dans le milieu des années 1890, un magasin situé au n°10 Basse-Grande-Rue, proche de la place du Pilori, est exploité par Georges MESDON qui de comptable au moment de son mariage en 1879 est devenu confiseur. Ses affaires vont mal, il est amené à déposer son bilan en mai 1898 (1). Charles BOHU fait une offre de reprise du fonds et des marchandises, un mois plus tard il en devient propriétaire et reprend immédiatement l'exploitation du commerce.

Charles BOHU est alors âgé de 23 ans. Il est né à Clisson où sa mère est marchande de tissus. Engagé volontaire dans l'armée à 17ans, il est à présent libéré de ses obligations militaires, marié depuis un an et devenu voyageur de commerce avant de reprendre la confiserie. Il y emménage avec son épouse et leur fils Paul-Marie né à Clisson quelques mois plus tôt.

En 1899 il apparaît dans l’Annuaire du Commerce. Prudent dans ses dépenses, alors que son prédécesseur multipliait les insertions publicitaires, Charles BOHU n’est présent que dans quatre rubriques : « Biscuits de luxe », « Cafés torréfiés », « Chocolatiers » et « Confiseries ». En1902 il apparaît également dans l’Annuaire de Nantes et de la Loire-inférieure comme « Marchands de charbon » ! Erreur typographique, dès l’année suivante « charbon » est remplacé par « bonbons ». On l'y trouve également aux rubriques « Confiseurs » et « Chocolatiers ». Puis il fait insérer quelques publicités dans "Le Phare de la Loire" en 1903 et 1904 (2).

Il dépose en 1908 la marque « LES RIGOLETTES NANTAISES », « ...destinée à être apposée sur toutes boîtes contenant un bonbon préparé et vendu par lui » (3).
Il faut noter que c’est la marque et non le procédé de fabrication qui est déposée. Charles BOHU n’est pas le créateur des bonbons fourrés aux fruits.


3 - Marques de fabriques 1908 – ADLA

Arrive la mobilisation générale du 1er août 1914. Pas de trêve pour les confiseurs, le père et son fils partent sous les drapeaux. Le père d’abord, Charles a 40ans, il est affecté dans la réserve de l'armée territoriale et sera libéré de ses obligations militaires en décembre 1918. Le fils ensuite, Paul-Marie, s'engage volontairement pour quatre ans en décembre 1916. Il sera "renvoyé dans ses foyers" en décembre 1920.

A son retour Charles BOHU doit penser à déménager son magasin car le modeste bazar DECRÉ de 1898, voisin de la confiserie en haut de la Basse-Grande-Rue, s’est considérablement agrandi pour devenir « Les Grands Magasins DECRÉ Frères ». Il loue en 1918 un magasin à l’autre extrémité de la rue, devenue « rue de la Marne », au n°26, et le sous-loue immédiatement pour quatre ans à un marchand de bimbeloterie, dans l'attente d’y transférer sa confiserie à la fin de son bail au n°10 en 1922 (5).

En août 1919, André LOUBIÈRE reprend un commerce de « Spécialités de Cafés et Alimentation » au n°28 de la rue de la Marne (4). Il vend aussi des bonbons et propose à sa clientèle, comme Charles BOHU, une spécialité de bonbons fourrés aux fruits. Il dépose en novembre 1922 la marque « FOLIES NANTAISES » pour commercialiser ses friandises. Au n°26, dans la boutique mitoyenne, Charles BOHU vient d'installer son nouveau magasin. Concurrence oblige, en décembre, il y ouvre un salon de thé (6). André LOUBIÈRE réplique en insérant une publicité pour ses bonbons "Fourrés Fruits" dans l’annuaire de 1923 (7). Deux ans plus tard, il cède l’exploitation du commerce à sa sœur aînée, Marie-Jeanne LOUBIÈRE.

1925. Le commerce de la confiserie BOHU est prospère, c’est alors qu‘est réalisée sa grande façade en mosaïque, comme en a témoigné plus tard Paul-Marie-Charles-Ignace BOHU, fils de Paul-Marie et petit fils de Charles, qui sera le dernier cogérant de la confiserie.

La Confiserie Charles BOHU, 26 rue de la Marne - 1925 > 1945
Avant 1925, en résumé : depuis la reprise du magasin de Georges MESDON au 10 Basse-Grande-Rue à Nantes en 1898, le commerce de Charles BOHU a prospéré. En 1920, alors que son fils Paul-Marie est de retour de son engagement aux armées, il devient propriétaire de l’immeuble du 26 rue de la Marne. En 1922 il y déplace son magasin de confiserie jusqu’alors au n°10 de la rue. Le commerce de la confiserie est prospère, et il s’y ajoute à présent les loyers de plusieurs appartements situés dans le même immeuble. En 1924 il fait l’acquisition par adjudication de l’immeuble voisin au n°24 au rez-de chaussée duquel est installé un commerce d’horlogerie-bijouterie.


8 - Dépôt de marques de fabriques 18/10/1932 – ADLA


9 - Le Phare de la Loire 30/11/1934 – ADLA


10 - La Voix du Poilu 01/01/1935 – ADLA

Ci-dessous, vue aérienne en 1947 – Horizontalement la rue de la Marne, au-dessus à droite le magasin Decré qui fait le coin avec la rue du Moulin a été déblayé, ainsi que les immeubles détruits de l’autre côté de la rue du Moulin en arrière du magasin de fleurs et de la confiserie BOHU aux n°24 et n°26 de la rue de la Marne. Le magasin LOUBIÈRE au n°28 est juste avant le coin avec la place du Change qui est à gauche, la rue des Carmes en part vers le haut de l’image. On remarque que les bombes ont coupé le pâté de maisons entre la rue du Moulin et la rue des Carmes. Il en est de même dans la rue de la Marne où les immeuble faisant face aux magasins DECRÉ jusqu’à la place du Pilori ont été détruits (on en voit qu’une extrémité en bas à droite de l’image). Au recensement de 1946, seulement 4 familles demeurent rue de la Marne : une au n°19, une au n°23 et deux au n°24 (immeuble du magasin de fleurs BOHU). Rue du Moulin aucun habitant avant le n°16. - IGN





En 1928, Charles BOHU jusque-là seul propriétaire du fonds de commerce de la confiserie, créé avec son fils la SARL « Charles BOHU et Fils » au capital de 200 000 francs, dont il garde les 7/8 des parts. Trois ans plus tard Paul-Marie rachète à son père les parts qui lui sont nécessaires pour être propriétaire de 50% du fonds.

En 1932 est déposé un modèle de boîte pour la vente des RIGOLETTES NANTAISES qui est encore utilisé aujourd’hui pour contenir les bonbons (8).

Le commerce d’horlogerie-bijouterie installé au n°24 rue de la Marne arrive en fin de bail en 1934 et déménage à deux pas, place du Change. Paul-Marie BOHU reprend le magasin pour y ouvrir un commerce de « Fleurs naturelles » (9).
On trouve donc à présent côte à côte : au n°24 le commerce de fleurs naturelles de Paul-Marie BOHU, au n°26 la Confiserie Ch.BOHU et Fils (10) et au n°28 les Cafés, Thés et Confiseries de Marie-Jeanne LOUBIÈRE.
En décembre de la même année, Charles BOHU fait l’acquisition d’un nouvel immeuble au n°1 rue du Château qui comprend plusieurs commerce et des appartements. Il va y habiter lui-même avec son épouse, au 1er étage avec une vue directe sur l’entrée du château, et y loger une partie de sa famille.

En 1936 la SARL est transformée en Société en nom collectif. L’année suivante Charles BOHU cède à son fils la plus grande partie de ses parts dans la société, ne gardant que 5/200 du capital social. Quelques mois plus tard, en octobre 1937, Marie-Thérèse BOHU née PINEAU, son épouse, décède à l’âge de 64 ans.

Marie-Jeanne LOUBIÈRE renouvelle le dépôt de la marque « FOLIES NANTAISES » en 1937 alors que Charles BOHU a déposé de son côté un nouveau modèle de décor pour ses boîtes de bonbons l’année précédente et va renouveler le dépôt de la marque « LES RIGOLETTES NANTAISES » en 1938.

Jeudi 23 septembre 1943, bombardement de Nantes. Rue de la Marne, le magasin DECRÉ est écrasé. A gauche on distingue le magasin de fleurs de Paul-Marie BOHU et au bord de l'image une très petite partie de la devanture de la confiserie. Au niveau du 1er étage l’enseigne « BOHU » marque la limite des n°24 et 26. L’arrière des immeubles donnant sur la rue du Moulin a été en partie détruit, la confiserie est sauvée et sa façade en mosaïque n’a pas été touchée, mais la boutique de fleurs est dégradée et dans l'appartement du premier étage où demeurait Paul-Marie BOHU avec sa famille, les archives familiales et le mobilier sont en partie perdus. Au jour du bombardement, il abandonne son activité de fleuriste pour se consacrer uniquement à la confiserie avec son père et sa fille Annick.

La Confiserie Charles BOHU, du 26 rue de la Marne au 18 rue de Verdun - 1945 > 1985

11 - Années 50 – Rue de la Marne, de gauche à droite : l'immeuble du n°28 avec le magasin LOUBIÈRE au RDC (invisible sur l’image), l'Immeuble du n°26 où l’on distingue mal l’enseigne « Ch.Bohu », l'immeuble du n°24 « La Maison du Savon ». Au coin, n°1 rue du Moulin, l'extrémité du magasin « JANIC » qui a face à lui les « Grands Magasins DECRÉ ». - CP


12 - Après 1963 - La boutique de Marie-Jeanne LOUBIÈRE a disparu remplacée par le magasin « La Hutte » construit par Paul Decré. - CP


13 - Presse-Océan 16/01/1974 - ADLA


14 - Annuaire 1980 – ADLA



En décembre 1945 Charles BOHU cède ses 5 dernières parts de la société à sa petite-fille Annick BOHU. En 1951 elle devient co-exploitante de la confiserie avec son père Paul-Marie après que les statuts de la société aient de nouveau été modifiés.

1950, le magasin du 24 rue de la Marne, ancien commerce de « Fleurs naturelles » de Paul-Marie BOHU est loué à un nouvel exploitant : « La Maison du Savon » (produits d’entretien, savon, lessive, parfumerie, brosserie) (11).

1953, Charles BOHU fait une donation-partage à ses deux enfants attribuant ses immeubles et maisons après les avoir découpés en lots, avec notamment le magasin de confiserie au 26 rue de la Marne à son fils Paul-Marie et le magasin mitoyen au n°24 à sa fille Simone-Marie.

Septembre 1953, renouvellement de la Marque « Les RIGOLETTES NANTAISES » par « la Société en nom collectif BOHU Paul-Marie et PRUVOST Annick (née BOHU), confiseurs, 26 rue de la Marne à Nantes. Représentée par Mr Paul-Marie BOHU, gérant, 5 rue du Moulin. »

En 1958, Paul-Marie BOHU répartit en donation-partage entre ses 8 enfants la plus grande partie des parts qu'il possède dans la société .

1962, l'immeuble du 28 rue de la Marne a été rasé par Paul DECRÉ. Il y construit un magasin « La Hutte » qui va ouvrir l’année suivante (12). Marie-Jeanne LOUBIÈRE a dû fermer son commerce. Elle demeure à présent au 10 rue des Carmes dans un immeuble qui vient d’être reconstruit suite aux bombardements.

La même année, Paul-Marie-Charles-Ignace (fils de Paul-Marie BOHU et Andrée-Marie VARGUES) change de métier et vient travailler à la Confiserie avec ses parents.

Novembre 1964, dépôt d’un nouveau modèle de décor pour les boîtes de « RIGOLETTES NANTAISES » au nom de la « Société Anonyme Ch.BOHU et Fils, 26 rue de la Marne, représentée par son Président Directeur Général Paul (-Marie) BOHU ».

En août 1967, Paul-Marie BOHU décède. En testament il laisse à son fils Paul-Marie-Charles-Ignace l’ensemble des parts qui lui restent dans la société « Ch.BOHU et Fils ». Son père Charles BOHU décède à son tour 5 mois plus tard, en janvier 1968. La succession de Paul-Marie, difficile à régler, n’est clôturée qu’en 1972.

En janvier 1974, la confiserie déménage provisoirement au 13 allée du Port-Maillard (13) puis quelques mois plus tard s’installe définitivement au 18 rue de Verdun. Claude-Marie-Donatienne BLANLOEIL épouse de Paul-Marie-Charles-Ignace BOHU en est la gérante et Paul-Marie, son époux, le PDG. La Société « Charles BOHU et Fils » devient la « CONFISERIE CHOCOLATERIE Paul BOHU » (14).

« JANIC », magasin mitoyen du 24 rue de la Marne au coin de la rue du Moulin, est spécialisé dans le prêt-à porter (11-12). Installé au n°1 rue du Moulin en 1951 après la reconstruction, il a de proche en proche annexé les boutiques voisines dans la rue de la Marne : en 1969 le n°24 après le départ de « La Maison du savon, puis en 1974 le n°26 après le départ de la Confiserie BOHU pour le 18 rue de Verdun. Suite à chacun de ces changements de propriétaires, les devantures des boutiques sont refaites. C‘est probablement ainsi que disparait en 1974 la mosaïque au niveau du rez-de-chaussée de l’ancienne confiserie BOHU, dont il ne reste aujourd’hui que la partie supérieure au niveau du 1er étage.

1979, Paul-Marie BOHU fils renouvelle le dépôt de la marque qui devient « RIGOLETTES NANTAISES BOHU », avec un nouveau modèle de boîte au nom de la SARL Paul BOHU, 18 rue de Verdun à Nantes.

Le commerce en difficulté sera déclaré en cessation de paiements en janvier 1985 puis le fonds vendu six mois plus tard. Il va passer par plusieurs propriétaires et être doublé un temps d’un second magasin rue Franklin. Le dernier propriétaire en date tient le magasin du 18 rue de Verdun depuis 2010 et a étendu le commerce des RIGOLETTES NANTAISES jusqu’au Japon.


C. Bigaud - 21/02/2022


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Une façade d'ancienne boutique à sauver, 39 quai de Versailles
C.Bigaud - 13/10/2020


39 quai de Versailles, à gauche la boutique dont la porte a été en partie murée pour en faire une fenêtre, et le café voisin.
© CB 2016



En 2019 la mosaïque commence à bien apparaître.
© CB 2019





Le décor en pate de verre a été dégradés en raclant la peinture.
©
CB 2020

 

Si l'on se réfère à l'annuaire, avant 1907 seul un débit de boissons est noté au n°39 du quai de Versailles. A cette date on voit apparaître deux commerces tenus par la même famille. Ils reprennent le débit de boissons déjà existant et créent parallèlement une épicerie. Le commerce est cédé fin 1923 comme « Café, Articles de pêche, Alimentation ». A partir de ce moment, les commerces sont exploités séparément :

Le débit de boissons : il est nommé par le nouvel exploitant « Café de l’Hélice ». C’est alors le siège du « Comité de l’Erdre » et participe à l’organisation de régates, de jeux nautiques et de concours de pêche. Vers 1930, avec un nouvel exploitant, il devient « Café du Canal », enseigne qui était encore la sienne en 2019.
Vers 1900, le café a une devanture en bois. Vers 1930, un des exploitants fait remplacer cette devanture par une façade de mosaïque à l’enseigne du « Café du Canal ». Elle sera détruite en 1974 pour être remplacée par une façade de carrelage encore existante aujourd’hui.

La seconde boutique, au coin de la rue de Châteaulin : après 1923 seul le commerce d’articles de pêche a été conservé. Il continue d'être exploité par l’ancien propriétaire ou par son fils jusqu’au début des années 1940. Ils participent à l’animation du quai à l’occasion de diverses fêtes et à l’organisation de concours de pêche. Divers autres commerces s’y succéderont ensuite.
Vers 1900, cette boutique n’avait aucune devanture. Sa façade, cachée longtemps sous des couches de peinture, révèle aujourd'hui partiellement de belles mosaïques qui ne peuvent être datées avec certitude. La découverte de l’enseigne permettrait probablement de trouver l'objet du commerce ou le nom de l'exploitant, et de déterminer le moment où la mosaïque a été réalisée. Cette enseigne encore recouverte de peinture ne laisse apparaître qu’une partie de lettre bâton, mais on peut imaginer que ce bâton pourrait être le premier « I » du mot « EPICERIE ». La mosaïque pourrait être alors antérieure aux années 1920, ce qui correspondrait bien au type de matériaux utilisés et au style des motifs que l’on peut voir.

L'histoire de ces commerces reste encore assez mystérieuse et toutes photos anciennes ou tous renseignements les concernant seraient les bienvenus.


Dans les années 1900, la devanture du café est en bois, et le second commerce n'a pas de devanture (petite porte à gauche au rez-de-chaussée de l'immeuble). Un bateau à laver est amaré au quai devant l'immeuble - Carte postale postée en 1904.

Le "CAFE du CANAL" et la petite boutique voisine dans les années 1960. On distingue la mosaïque en façade du café, mais la boutique voisine est déjà peinte et une enseigne nouvelle a été plaquée sur l'ancienne.
© Archives de Nantes


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Des mosaïques Art-déco dans le jardin extraordinaire
C.Bigaud - 06/12/2019

Bâtiments administratifs et entrée principale des Brasseries Nantaises en 1989
© Patrimoine Pays de la Loire


Mur du jardin rue Joseph Cholet, vue actuelle de l'ancienne entrée (à gauche)
© CB-2019


Sol mosaïque à gauche de l'ancienne entrée
© CB-2019

 

En visitant le Jardin extraordinaire, qui occupe la partie ouest de la carrière Miséry, on peut remarquer quelques restes de sols en mosaïque. Ce sont les derniers vestiges des Brasseries Nantaises.
Ils sont visibles juste derrière le mur du jardin longeant la rue Joseph Cholet, de part et d'autre de l'ancienne entrée des brasseries, cachés entre le mur et une forêt de bambous. Ces sols en mosaïque étaient ceux du rez-de-chaussée des bâtiments administratifs qui encadraient l'entrée de l'usine. Une photo montre ces bâtiments d'architecture très particulière qui existaient encore en 1989, alors que plus de la moitié du site était déjà rasée. Cette photo est à rapprocher de celle du mur subsistant aujourd'hui sur la rue où l'on peut bien reconnaître les ouvertures des portes et fenêtres, ce qui permet de bien situer, sur la gauche, l'emplacement de l'ancienne porte d'entrée de l'usine.
On observe une diversité de décors. L'un d'eux est de même inspiration que celui du sol de la cuisine de la Crèche des Brasseries Nantaises située tout près de la carrière, rue de la Poignée où l'on remarque la belle enseigne. Cette crèche créée à l'intention des familles des ouvriers de l'usine a été construite vers 1928, en pleine période Art-déco, style que l'on retrouve de manière évidente dans les mosaïques.
On peut penser que ces vestiges de mosaïques risquent de ne pas résister longtemps aux intempéries et aux bambous si on ne décide pas d'y porter une attention particulière. Souhaitons que ces derniers restes des Brasseries Nantaises, patrimoine mosaïque très caractéristique de l'époque Art-déco, puissent être entretenus et préservés.
On peut d'autre part remarquer que si ces bâtiments originaux n'avaient pas été détruits, ils auraient pu être mis en valeur pour constituer aujourd'hui une belle entrée pour le Jardin extraordinaire.

C.B.- Décembre 2019

Lien vers Patrimoine Pays de la Loire


Sol mosaïque à droite de l'ancienne entrée
© CB-2019
 

© CB-2019

Sol mosaïque à gauche de l'ancienne entrée
© CB-2019

Sol mosaïque de la cuisine de la crèche des Brasseries
© Patrimoine Pays de la Loire

Hall de réception des Brasseries (vestiges du sol mosaïque ci-dessus à gauche)
© Centre d'Histoire du Travail de Nantes
 
Le Hall était au RDC du bâtiment indiqué, situé à droite de l'entrée principale
© Patrimoine Pays de la Loire (vue aérienne des Brasseries de la Meuse)

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